mercredi 4 mars 2015

Dossier : Le shintoïsme

Le Shintoïsme
神道




Le shintoïsme (神道), signifiant littéralement « la voie des dieux » est avec le bouddhisme, une des principales religions pratiquées par les Japonais. Considérés par beaucoup comme une forme d’animisme voire de chamanisme plutôt que de polythéisme, le shinto doit avant tout être considéré comme l'expression profonde de la culture ancienne japonaise. Une culture très ancienne dans ce cas remontant sans doute au temps des premiers hommes ayant colonisé l’archipel nippone.



Amaterasu, Déesse du soleil





Bref historique du shintoïsme



Like a Star @ heaven La date d’apparition du shintoïsme est encore sujet à débat de nos jours, cependant la plupart des historiens s’accordent à penser que ce fut au lors de la civilisation Jomon, c'est-à-dire entre 11000 et 300 ans avant Jésus-Christ.

Like a Star @ heaven Cette religion prend une nouvelle tournure avec le début de la culture du riz et l’apparition des premiers rites liés aux semailles et à la moisson. Nous sommes alors en plein milieu de la culture Yayoi, à savoir entre 300 avant JC et 300 après JC, période marquant également le début d’une iconographie shintoïste assez caractéristique.


Like a Star @ heaven Le 5ème siècle et le 7ème siècle viennent également marquer de leur empreinte le shintoïsme. Pour le premier par l’introduction de l’écriture et le deuxième par celle du bouddhisme au Japon. Ainsi, dès l’an 712 est achevé le Kojiki ( 古事記) « chronique des faits anciens », (qui constitue l’un des piliers fondateurs du shintoïsme) et en l’an 720, le Nihonshiki (日本書紀 )« chroniques du Japon ». C’est ainsi, grâce à ces deux ouvrages, que naît un système de croyances Shinto pour la première fois unifié.
Pour l’anecdote, il faut savoir que ce qui explique cette rapidité assez remarquable pour l’époque dans l’unification des croyances, était en faites le fruit de la concurrence avec les Chinois. Avec l’apport du bouddhisme et de certaines autres technologies, les Japonais ont été très impressionné par la civilisation chinoise et c’est pour garder la tête haute face à leur voisin qu’ils ont fait un sorte que tout se fasse au plus vite.


Like a Star @ heaven Vient ensuite l’ère d’Edo (1600 à 1800 ap JC) , période relativement calme militairement parlant, elle est surtout marqué par un total repli du Japon sur lui-même… Durant cette ère, on note une volonté de la part de certains Japonais de vouloir « épurer » le shinto des influences étrangères et notamment du Bouddhisme.


Like a Star @ heaven Cependant c’est l’ère Meiji (1868 à 1912) qui marque une nouvelle étape dans le développement du shintoïsme. En effet c’est à cette période que celui-ci va être promu en tant que religion d’état ou Kokka Shinto. A partir de là tous les prêtres shinto sont considérés comme « fonctionnaires de l’état » et l’Empereur cumule alors le titre de chef des armées et celui de chef de culte. L’Empereur est également reconnu dès lors comme un descendant d’Amaterasu elle-même et à ce titre considéré comme un véritable dieu.
A l’image des monarchies absolues Européennes du siècle précédent, la religion sera souvent utilisée comme un prétexte à la guerre. Mais celui qui abusera le plus de ce prétexte est sans doute l’Empereur Showa dont le règne commenca en 1927.
C’est notamment sous cet Empereur que le Japon va connaître les deux guerres mondiales.


Like a Star @ heaven Les deux guerres ont eu de lourdes conséquences bien entendu, mais celle qui nous intéresse le plus dans ce post sur le shintoïsme, ce sont celles de la deuxième… En 1945, les alliés exigent le démantèlement du shinto d’état et dès janvier 1946, forcent l’empereur à reconnaître lors d’un discours public qu’il n’est pas un akitsumikami à savoir une divinité incarnée. Le shintoïsme prends alors un coup dont il ne se remettra jamais totalement.
A cette époque, on voit apparaître de nombreuses branches du shinto dont les plus connus sont sans doute Konkokyo et Omoto Kyo. Certaines sectes à tendance ultra-nationaliste voient également le jour à cette période.


Like a Star @ heaven Aujourd’hui la vision des Japonais sur le Shinto n’est plus la même… Il est davantage considéré (pas par tous les japonais bien entendu) comme une part du patrimoine que comme une véritable religion, presque une sorte de folklore…
Cependant bien que les Japonais soient beaucoup moins animés d’un esprit religieux qu’auparavant, les valeurs du shinto restent encore fortement ancrées dans l’inconscient collectif.


Il est assez courant de nos jours qu’un Japonais pratique plusieurs religions dans sa vie. On dit généralement que l’on naît et vit shinto, que l’on se marie chrétien (c’est une pratique de plus en plus courante) et que l’on meurt bouddhiste. (Nous reviendrons sur le pourquoi plus tard)




La mythologie shinto 



Qu'est-ce qu'un kami ?

Les Japonais comme bien d’autres peuples, se sentent dominés par les forces de la nature. Ils attribuent donc à chacune d’elles une personnalité, une puissance, une sorte de divinité. Ce sont des Kamis : les hautes montagnes sont des kamis, les fleuves sont des kamis et même certains « grands » hommes sont considérés comme des kamis. On les respecte, on les vénère, on leur rend un culte. Ils ne sont cependant pas tout-puissant, ils ne savent pas toutes choses et ne sont pas partout à la fois. Ils ne sont pas non plus immortels mais naissent, vivent, meurent et renaissent comme toutes les autres créatures.

Tout ce qui est grand ou inexpliqué est kami. Ils sont donc très nombreux… Les japonais ont coutume de dire qu’ils sont « ya oyorozu » : huit cents myriades… Autrement dit une infinité.
De ce fait, le rapport des japonais à la nature devient très particulier dans le sens où ils se sentent en famille dans la nature… Ils sont cousins avec le fleuve ou avec l’arbre...

A l’image de la nature, les kamis ne sont intrinsèquement ni bon, ni mauvais. Certains vont même jusqu’à affirmer qu’ils possèdent deux « âmes » une bonne (nigi-mi-tama) et une mauvaise (ara-mi-tama)



Les principaux Kamis et leur histoire 


le Kojiki raconte « qu'au temps où commencèrent le ciel et la terre, trois divinités asexuées se formèrent dans la plaine des hauts cieux (Takamanohara) ». C'est ainsi que naquirent d'elles-mêmes à partir du Chaos originel : 
- Ame no Minaka-Nushi no Mikoto 
-Takami-Musubi no Mikoto 
- Kami-Musubi no Mikoto 
Ces trois divinités prirent le parti de ce caché du monde.

« Ensuite, lorsque la terre, jeune et pareille à de l'huile flottante, se mouvait ainsi qu'une méduse, d'une chose qui surgit, telle une pousse de roseau, naquirent deux divinités, qui, elles aussi, se cachèrent. »
Ces deux divinités sont : Umashi Ashikabi Hikoji et Ame no toko tachi.

Ainsi se formèrent sept générations divines qui prirent également le parti de se cacher...Le dernier couple portait les noms de Izanagi et Izanami à qui Ame no Minaka Nushi ordonna de créer le monde


Arrow Izanagi et Izanami : les créateurs

Frère et sœur, mari et femme on dit qu’ils rejoignirent ce monde en descendant d’un arc en ciel , « le pont flottant du ciel ». Ils sont à l’origine des dieux et des hommes.

Pour former le monde, ils utilisèrent un lance : Ame no nohoko (« La lance céleste »). Ils la plongèrent dans l’eau de la mer, la remuèrent un instant. En retirant l’arme, une goutte tomba de la pointe et forma l’île de Onokoro (qui signifie « coagulée naturellement »). Ce fut la première terre ferme, la première île du Japon.

Ils furent les premiers à codifier le mariage ainsi que les ritres nuptiaux. Leur premier enfant est Hikuro mais qu’ils refusèrent de reconnaître à cause de ses déformations. Ils donnèrent ensuite naissance à toutes les îles du Japon, les dieux des vents et des mers, des arbres et de l’eau. Le dernier de leurs enfants est Kaguzuchi le dieu du feu. En venant au monde, celui-ci brûla très sévèrement les entrailles de sa mère en lui causant de terribles souffrances dont elle mourra avant de descendes aux Enfers.
Inzanagi après s’être longuement lamenté se décida finalement à aller chercher sa femme aux Enfers. Quand Izanami l’appris, elle se cacha et demanda à son mari de ne pas chercher à la voir. Plein de désirs, Izanagi ignora la requête de sa femme et découvrit que le corps de cette dernière était déjà entré en putréfaction, rongé par les vers. Terriblement humilée, Izanami expulsa Izanagi des Enfers…
Souillé par son passage aux enfers, Izanagi se rendit dans l’île de Tsukushi pour se purifier (à noter que la pratique des bains purificateurs est resté très forte chez les Japonais notamment dans le cadre du misogi sur lequel nous reviendrons plus tard).

L’histoire raconte qu’en se lavant l’œil gauche, Izanagi donne naissance à Amaterasu (déesse du soleil), en se lavant l’œil droit naît Tsukiyomi (dieu la Lune) et se frottant le nez naît Susano-Wo. Izanagi donne son royaume en partage à ses 3 enfants :
-A Amaterasu : les plaines célestes
-A Tsukiyomi : Les sphères de la nuit
-A Susano-Wo : L’Ocean 



Arrow Amaterasu et le mythe de la caverne.

Amaterasu, littéralement « celle qui brille au paradis » est une déesse très importante dans le panthéon japonais et ceci pour deux raisons
-C’est la déesse du soleil voire elle est elle-même le soleil. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le drapeau japonais est en fait une représentation d’Amaterasu.
-C’est d’elle dont descendrait tous les empereurs nippons.

Son histoire est lié à Susano-Wo comme nous allons le voir… Ce dernier était las de gouverner l’Océan et demandait sans cesse à son père Izanagi de pouvoir rejoindre sa mère Izanami aux Enfers. Excédé, Izanagi chassa Susano-Wo des cieux. Avant de partir, il décida de rendre visite à sa sœur Amaterasu. Il fit un tel bruit qu’elle prit peur et s’arma comme pour une guerre. Le frère et la sœur s’affrontèrent alors de part et d’autres de la rivière de la Tranquillité. Finalement la déesse du soleil, désespérée, décida de s’enfermer dans une grotte plongeant ainsi le monde dans l’obscurité…

Tous les kamis se massèrent devant la grotte suppliant Amaterasu d’en sortir, mais celle-ci ne cédait pas… Les Kamis décidèrent finalement d’organiser un grand banquet devant la grotte. On y mangeait bien et l’ambiance était festive. Tous ces rires et ces élans joies attirèrent l’attention de la déesse rongée de chagrins et de désespoir qui décida finalement de sortir de la grotte pour voir ce qu’il en était et c’est ainsi que la lumière revint sur le monde…



Arrow Susano-Wo

Susano-Wo dont le nom signifie la « rapide divinité impétueuse », est le dieu des tempêtes et des orages. Il représente aussi la force dans son aspect destructrice et incontrôlée. Comme un raz de marée qui détruit tout sur son passage sans faire de distinction entre ses victimes.
Comme nous l’avons vu dans le chapitre se rapportant à Amaterasu, Susano-Wo s’est retrouvé un temps exilé sur Terre parmi les hommes et avec un corps d’humain.

La légende la plus célèbre le mettant en scène est sans doute son affrontement avec le dragon de Izumo.
Alors que Susano-Wo vagabondait de villages en villages, il arriva dans le district d’Izumo où tout le monde était en tenue de deuil. Devant ce triste spectacle, il demanda ce qu’il se passait et on lui répondit que tous les ans, un monstre à huit têtes et huit queues nommé Yamata No Orochi venait enlever puis dévorer une jeune fille, et que cette année, c'était la dernière fille du roi, la princesse Kushi-inada, qui allait être sacrifiée. Après avoir rencontré ses parents, Susano-Wo se désigna volontaire pour affronter le dragon en échange de la main de la jeune princesse. Ses parents acceptèrent. Pour parvenir à ses fins Susano-Wo avec les habitants du village érigea une palissade percée de huit trous étant chacun d’entre eux surmonté d’une jarre dans lequel on versa du saké.

Le lendemain, le dragon se pointa devant village et ce curieux édifice… Il s’apprêta à cracher le feu quand il fut attiré par l’odeur du saké… Il se dit qu’il était préférable de boire le saké avant d’embraser le tout. Il passa ainsi chacune de ses têtes dans chacune des ouvertures et vida les jarres de leur enivrant contenu. Dès qu’il eut finit, Susano-Wo sortit de sa cachette et défia le dragon. Ce dernier se mit à rire devant ce petit homme qui s’offrait à lui. Mais au moment de l’attaquer, sous l’effet de tout cet alcool, le dragon se mit à chanceler et à tituber. Sautant sur cette occasion, Susano-Wo sortit son sabre et trancha les huit têtes du dragon une à une.

Susano-Wo trouva dans la queue du dragon une épée magique du nom de Kusanagi qu’il offrit à sa sœur, Amaterasu pour se faire pardonner… Celle-ci accepta et il put rejoindre les plaines celestes.





Izanagi et Izanami





Le culte des Kamis 



Les kannushi 

Un kannushi est en quelque sorte le prêtre shinto. Il est responsable de l’entretien du sanctuaire (jinja) ainsi que du culte voué au Kami de ce sanctuaire. Au fil du temps leurs rôles et leurs images ont changé :
A l’origine, les kannushi étaient clairement considérés comme des mystiques capables de miracles. Leur principal rôle étant d’être les médiums d’un kami en particulier et d’ainsi répandre ses dires, ses bénédictions ou ses malédictions.
Aujourd'hui, les kannushi ont perdu cette dimension mystique et ont simplement pour rôle d’officier lors de diverses cérémonies religieuses… 

La tenue qu’ils portent est celle portée par les shoguns et par l’Empereur lui-même (soulignant une fois de plus le lien entre religion et la politique). Ainsi, elle n’a pas une symbolique religieuse très importante… Le shaku en revanche (sorte de bâton rituel japonais) que porte les kannushi et l’Empereur aurait pour vertu de bannir les esprits malins et donc de prévenir de la malchance. 
On retrouve l'emploi de ces sceptres en Chine où ils prennent le nom de Hu.

Pour l’anecdote, les kannushi peuvent se marier et avoir des enfants. 


Les Miko :

Le rôle Miko a connu au fil du temps une évolution analogue à celles des Kannushis. Dans les temps anciens elles avaient un rôle très semblable à celui des Pythies que l’on trouve en Grèce à savoir prédire l’avenir et transmettre les dires des dieux lors d’une transe.
Aujourd’hui elles sont davantage considérées comme les « gardiennes » du sanctuaire auquel elles sont affectées.
Leur travail consiste maintenant à :
-Assurer le fonctionnement du sanctuaire 
-Exécuter les danses rituelles lors des cérémonies religieuses
-Tenir les boutiques du sanctuaire 
-Rédiger les Omikuji 

Pour savoir ce qu'est un Omikuji : http://fr.wikipedia.org/wiki/Omikuji

A l'opposé des Kannushi, les mikos avaient dans le temps pour interdiction de se marier. A noter que cette règle n'est plus appliquée de nos jours.


Les sanctuaires shinto ou Jinja 

Pour comprendre la structure d'un sanctuaire shinto, je vous recommande chaudement ce site
Arrow Le sanctuaire shinto
Vous y trouverez une visite guidée d'un sanctuaire "type".
Ce sera plus clair de cette façon que si je me lance moi même dans la descritpion /D 



Les principales fêtes :


Like a Star @ heaven Sho-gatsu ou fête du Nouvel An, du 1 au 3 janvier

Like a Star @ heaven Kagami Biraki, le 11 janvier qui consiste à briser le couvercle d’un tonneau de saké qui sera bu lors de cérémonie shinto.

Like a Star @ heaven Setsubun, le 3 février. On jette des fèves à l'intérieur et autour des maisons en criant " Que les démons sortent, que la chance rentre ! "

Like a Star @ heaven Hina Matsuri ou fête des poupées, le 3 mars. Destinée aux petites filles, on compose un étalage chargé de poupées représentant des anciens personnages de la cour impériale.

Like a Star @ heaven Fête des garçons, le 5 mai. Des Koi-nobori (manches à air en forme de carpe, symbole de la force) sont fixés à des mâts et flottent à l’air à la manière de cerf-volant.

Like a Star @ heaven Tsukimi, contemplation de la pleine lune de la mi-automne.

Like a Star @ heaven Kanname-sai, l'empereur offre le riz nouveau au mois d'octobre.

Like a Star @ heaven Niiname-sai, fête célébrée par la famille impériale en novembre, lorsque l'empereur goûte le riz nouveau.

Cependant les fêtes les plus représentative du shintoïsme restent les Matsuri :
Les matsuri (祭り/祭) sont des festivals et fêtes populaires japonaises, ayant généralement lieu durant la période estivale, dans pratiquement toutes les localités japonaises. La plupart d'entre elles sont liées à une célébration religieuse, le plus souvent shinto. Elles sont l'occasion pour les Japonais de se retrouver entre amis pour déguster des spécialités, assister à des feux d’artifices, aux enfants de jouer à des jeux et surtout faire revivre le folklore locale. 

Certains matsuri sont des processions religieuses de mikoshi dédiées et consacrées aux divinités, importantes (par exemple Amaterasu, la déesse du soleil dans le shintoïsme), ou très locales. Ces processions peuvent s'effectuer en gravissant une montagne, afin d'atteindre le temple ou sanctuaire au sommet et le rouvrir pour recommencer les cycles religieux.
D'autres consistent en des danses collectives, des parade dans le village. 




Les principaux symboles du shintoïsme et leurs significations



Le sabre / Le joyau / Le miroir


Ils constituent ce que l’on nomme : « Les Trois Trésors Sacrés du Japon » ou « Les Trois Insignes Sacrés de la Famille Impériale », on trouve par mis ces trois objets :
-L’épée, Kusanagi no tsurugi 
-Le miroir, Yata no kagami 
-Les joyaux, Yasaka no Magatama.


L’épée a été découverte et apportée à Amaterasu par Susano-Wo suite à sa victoire sur le dragon
Le miroir est celui de Amaterasu dans laquelle elle se serait regardée peu après être sortis de la caverne 
Les joyaux quant à eux sont naît lors du combat entre la déesse du soleil et Susano-Wo.


La légende veut que Amaterasu elle-même offrit ses trois objets à son petit-fils Ninigi-no-Mikoto, père du premier empereur Jimmu Tenno.
C'est cette légende qui va rendre légitime le Shinto d’état dont nous avons parlé précédemment 
Chacun de ces trésors a une symbolique qui lui est propre :

Arrow L’épée représente la force et confère à l’empereur la suprématie militaire. A noter ici que la symbolique de l’épée n’est pas à considérer uniquement dans son aspect « négatif » où elle serait un instrument de mort. Les japonais font en effet une importante distinction entre « le sabre qui prend la vie et celui qui la donne ». Cela peut paraître contradictoire de voir une épée donner la vie mais il faut l’entendre dans le sens du sabre qui repend la justice et la paix…

Arrow Le miroir symbolise la puissance d’esprit d’origine divine qu’a l’Empereur. Elle lui confère la suprématie religieuse.
Ce miroir, fait de bronze symbolise la sagesse et la pureté d’esprit. Par lui on s’observe soi-même, à la recherche de ses qualités mais aussi de ses défauts. Il s’agit donc d’un symbole de la remise en question et du travail sur soi. 

Arrow Les joyaux évoquent la bienveillance de l’Empereur ce qui lui confère la suprématie civile.
Ils sont une forme de griffes ce qui implique que si on les assemble deux à deux, on peut reconstituer le symbole du yin et du yang.

A noter que même si leurs origines révèle de la légende, ces trois trésors existent bel et bien. 
En voici un réplique pour vous faire une idée Wink







Les Torii





Le torii est un portail ou une porte traditionnelle japonaise qui symbolise le passage entre le monde terrestre et le monde divin.
La plupart se trouvent à l’entrée des sanctuaires shinto.

Les japonais ont pour habitude de dire qu’il est indispensable une fois qu’on a traversé un torii, de le passer dans l’autres sens pour revenir dans le monde terrestre. C’est notamment la raison pour laquelle les Japonais n’hésitent pas à contourner un Torii si ils ne sont pas sûr de pouvoir le retraverser plus tard… 

Pour l’origine, il est intéressant de savoir que certaines personnes associent les torii japonais aux Torana indiens et aux Paifang chinois.





Spiritualité et ésotérisme Shinto



Spiritualité et philosophie de vie shinto



Dans la vision shinto, l’homme est intégré à un tout et n’est qu’une infime partie de celui-ci. C’est une notion vraiment très ancrée dans les mœurs japonaises où le groupe, que ce soit la famille ou la nation, passe avant l’individu.
Le sacrifice de soi est une pratique très courante au Japon bien qu’elle s’exprime à différents niveaux.
Like a Star @ heaven La forme la plus extrême est sans nul doute le rituel du Seppuku ou Hara-Kiri. Plus que pour laver ses propres péchés, cette pratique visait le plus souvent à restaurer l’honneur de sa famille ou celui de son maître.

Petit bonus sur le Seppuku Smile 
Le seppuku (切腹, littéralement « coupure au ventre ») ou hara-kiri (腹切り), est une forme rituelle de suicide masculin par éventration, apparue au Japon vers le XIIème siècle et officiellement interdite en 1868.
Le choix du ventre comme cible n’est pas un hasard, au Japon le ventre (siège du Hara) symbolise le courage, la volonté et les émotions. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle sur certaines icones de personnages réputés pour leur force aussi physique que spirituelle, ceux-ci sont représentés avec un gros ventre alors qu’ils n’en ont pas eu dans leur vie…

Dans certains cas (dépendant de la « clémence » du maître), un ami peut accompagner le futur défunt dans son rituel. Son rôle est de couper sa tête une fois que celui-ci se sera donner le premier coup afin d’abréger ses souffrances…

Un petit passage de wikipédia pour vous prouver l’impact de cette pratique sur la société japonaise actuelle :
«  Près d'un quart des suicides au Japon sont classés comme inseki-jisatsu, ou suicide visant à effacer une faute ou une responsabilité assumée. Ils concernent des directeurs d'entreprises, des hommes politiques soupçonnés de corruption ou visés par un scandale, mais aussi les chefs d'équipes dans une entreprise ou les chefs de famille »

Like a Star @ heaven Les kamikases (signifiant « vent divin ») sont un autres exemple extrême du dévouement des japonais pour « le groupe ».
Like a Star @ heaven De nos jours cependant cet esprit de sacrifice s’exprime d’une manière différente mais qui reste tout de même assez marquée. On peut citer quelques exemples :
-Les étudiants qui jeunent et qui s’enferment dans leur chambre tant qu’ils n’ont pas des résultats satisfaisant.
-Les parents qui vivent littéralement à leur travail pour leur famille.
-Et la liste est longue !!



Nous avons vu plus haut que les japonais avaient pour coutume de « vivre shintoïste mais de mourir bouddhiste ». La raison de cette habitude réside dans le fait que le shintoïsme n’attribue que très peu d’attention à l'après-mort. Devant cette solitude, beaucoup (pour ne pas dire la quasi-totalité des japonais) sont enterrés selon des rites bouddhistes. 
Le culte des ancêtres est cependant très présent dans la culture shinto.




Le Kototama



Il ne s'agit ici bien entendu que d'une introduction au Kototama. Cependant, si le sujet vous intéresse, je vous invite à faire vos propres recherches pour approfondir.


Petit-point important, le Kototama se basant sur les sons, un petit point prononciation me semble important :
- A se dit comme en fraçais 
- E se dit [é] comme lait
- I se dit comme en français 
- O se dit comme en français
- U se dit [ou] comme trou




Le Kototama constitue l’enseignement original du shintoïsme, il se traduit littéralement par « les mots âme ». 
Les Japonais ne considèrent pas le Kototama comme une théorie ou une doctrine, mais comme l’expression du Ki qui donne naissance à la conscience sous une infinité de formes. Ils expriment cette idée par le mot Aikitama qui signifie « l’esprit d’harmonie qui donne naissance à ».

Un peu comme des poissons dans l’océan, le Kototama enseigne que nous sommes tellement immergés dans une mer de conscience qu’il nous ait très difficile de percevoir notre véritable nature et le rôle que nous jouons dans la création de notre propre réalité. Et c’est seulement lorsque notre expérience subjective est vérifiée par des principes objectifs que la réalité devient vérité.
Ces principes ce sont le Kototama.
Le Kototama ne régit donc pas le monde manifesté (qui n’est qu’une reconstitution modelée par nos sens) mais le monde qui est destiné à être manifesté.



Qu'est-ce qu'un Kototama ou mot-âme ?


Pour ceux qui étudient la Kabbale, sachez que la notion des mots-âme du Kototama est très proche de celles des mots de pouvoir de la Kabbale.
Les mots-âme, correspondent donc au « Verbe » de la genèse, le langage de Dieu par lequel l’univers est apparu. 

Chacun des Kototama peut être associé à un aspect ou plus précisément une forme d’expression du divin, chacune de ces formes étant représenté dans le shintoïsme par les kamis de la première génération ou « kamis cachés ».



Su : Le commencement 


Le son créateur de l’univers d’où naissent tous les autres est le Kototama Su. Su donne continuellement naissance à U le monde manifesté. Mais U n’est que l’étape finale d’un processus complexe…

Pour se faire une idée plus précise de ce que représente Su, nous allons faire le lien avec ce que nous dit la Bible. La genèse, avant même le commencement de la création et avant le fameux « Fiat Lux », nous dit : « Au commencement était le monde ». Du point de vue du Koto-Tama, on pourrait dire « Au commencement était le Su ». Cependant cette analogie n’est pas tout à fait correcte. La Bible sous-entend que le monde pré-création a toujours été ainsi. Su cependant naît du vide infini qui est représenté par le Kototama Mu.

Si on considère U, le monde manifesté, comme le 1, Mu doit être considéré comme le 0. Su quant à lui est le mouvement qui initie le passage du 0 à quelque chose qui n’est plus 0 sans être 1 ni même être 0.0000000………1 ^^
Ainsi naît pour la première fois le monde qui est destiné à être manifesté que les japonais nomment Kamyo : l’âge des dieux.



Le schéma de Naka Ima : Le lien entre manifesté et non manifesté 





Le schéma de Naka Ima permet de mieux comprendre le lien entre les mondes.
ANA est le ciel, le monde non manifesté, régi par le Kototama. La variété de l’expression du Ki est le résultat de l’action combinée des cinq pouvoirs ou cinq dimensions et des huit puissances.

- Chaque pouvoirs est associé à un voyelle : AEIOU. Ce sont les les « sons-mères » 
- Chaque puissances est associé à une consonne étant chacune liée à la dimension de I : Hi / Ti / Si / Ki / Mi / Ri / Yi / Ni. Ce sont les « rythmes pères »

Quand les cinq dimensions sont unifiés et stabilisés par les huit pouvoirs de la dimension I, l’idée ou l’intention de la création commence. Ceci est appelé MANA, le point dont toute manifestation provient.
MANA correspond également au pont flottant du ciel que nous avons vu précédemment et d’où Inzanagi plonge sa lance pour créer le monde. 
KANA est donc le monde manifesté.

A l’origine, l’humanité pouvait facilement faire le lien entre KANA et ANA grâce au Kototama. L’homme s’exprimait à l’aide des mots-âme jusqu’à ce que ce principe soit occulté. On peut y voir un lien avec le jardin d’Eden et l’épisode de la tour de Babel où le Verbe a été perdu…



Les cinq voyelles et dimensions :



Like a Star @ heaven Le plan U correspond au physique, au matériel. La conscience sur ce plan est purement mécanique et se trouve limitée à la perception des cinq sens sans capacité de reconnaissance ou de distinction d’une chose ou d’une autres. Dans le Bouddhisme, ce plan se nomme Genza ou enfer. L’esprit sur ce plan est piégé est n’a aucun moyen de s’exprimer.

Capacités associées : Sens physiques 



Like a Star @ heaven La propriété fondamentale du plan A est l’expansion et en tant qu’expansion infinie, A représente le Ki qui donne naissance à toutes choses. Attention cependant, dans le Kototama, le plan A est associé à l’air et non au feu comme on pourrait le croire puisque l’expansion de Ki est perçue comme une expansion de conscience laquelle étant reliée à l’air.
A la lumière de cette conscience la capacité de distinction entre les choses et enfin possible.
De là naît la séparation entre le Ciel et la Terre. 

Capacités associées : Sens spirituels



Like a Star @ heaven Le plan O est le plan de la contraction qui permet continuité et matérialisation. Ce concept en japonais est appelé matomari signifiant « amener les choses dans l’unité et la cohérence »

Capacités associées : Mémoire, intelligence et rationalité 



Like a Star @ heaven Le plan E quant à lui, permet de donner une direction à l’expansion infini de ki du ciel représenté par le plan A et de cette direction commence à naître des formes… En donnant également une direction à notre mental, le plan E s’accosie au jugement. La capacité de jugement est la première qui soit spécifique au mental humain.

Capacité associée : Jugement



Like a Star @ heaven Le plan I est appelé hataraki ou « le pouvoir de la vie ». Il corresponds ainsi au pouvoir et à la volonté de vivre. C’est par ce plan que sont permises les perceptions les plus subtiles. Une fois intégré, l’homme a une foie inébranlable dans l’ici et maintenant, dans l’existence elle-même. 
Quand, il est compris que le plan I est à la fois l’origine et le contrôle de la vie, l’attachement aux choses n’a plus lieu d’être.
I se trouve donc au point de rencontre entre le ki du Ciel et de la Terre, et tout le pouvoir de l’homme consiste à recevoir (plan O) ce ki dans notre hara et de lui donner une nouvelle direction (plan I). De cette manière la verticalité devient horizontalité.

Capacité associée : La vie elle-même



A noter qu’on peut très bien faire le lien entre les cinq plans du Kototama et les cinq véhicules bouddhiques Wink



Les huits pouvoirs du plan I

Si l’on refait un retour sur le schéma de Naka Ima, les huits pouvoirs prennent source en MANA, le point entre les mondes ou « le pont flottant du ciel ».
On dit qu’un petit schéma vaut mieux qu’un long discours, je vous propose ces deux schémas qui décrivent chacun les huit pouvoirs (Ok c’est en anglais… Mais ça reste abordable quand même ^^)

Vous remarquerez comme nous l’avons vu dans la définition des mots-âmes que chacun des huit pouvoirs est associés à une déité ou kami.








Les quatres potentiels de l’humanité 


Arrow Kushimata : L’esprit mystérieux :

Kushimata représente les perceptions qui vont au-delà du physique. Le Kototama nous dit que Kushimata est « comme le sel dans l’océan, caché au centre de l’existence ». C’est le potentiel d’accès à la sagesse par lequel la dualité devient unité.


Arrow Aratama : L’esprit du raffinement 

Le symbole d’Aratama est le sabre qui peut être considéré comme une arme grossière ou comme un élégant outil de raffinement. Ce sabre représente le jugement humain et l’esprit critique qui est utilisé pour « trancher » l’illusion qui entoure l’homme afin de percevoir le monde de manière claire et précise.

Aratama est aussi associé au courage. Le courage de rechercher la vérité, de se libérer de toutes les préjugés que nous avons-nous-même établis.

On peut faire une analogie avec la caverne de Platon où Aratama représente le sabre qui nous libère de nos chaînes et le courage nécessaire pour en sortir…
L’esprit critique, aux yeux des Japonais, est donc le seul outil sur lequel l’homme puisse se reposer pour saisir « Michi » ou le chemin de vie. 


Arrow Nigitama : L’esprit d’élévation 

Il est représenté par les joyaux et symbolise le pouvoir de lier les choses entres elles. Nigitama est associé à la mémoire par laquelle les progrès de l’homme deviennent possibles.

Nigitama est également associé à l’amour ou plus précisément à la compassion. Etant également associée à l’élément eau, le Kototama nous dit que si l’homme n’est pas capable d’amour l’eau se refroidit jusqu’à geler.


Arrow Sakimata : L’esprit d’abondance

Nommé également esprit de bonheur ou de succès bien que cette appellation n’ait pas vraiment de rapport direct avec sa fonction principale.
Pour faire le lien avec une vision plus occidentale de la chose, Sakimata est le potentiel par lequel l’homme joue son rôle de canalisateur des énergies divines sur le plan physique. C’est l’homme se trouvant entre Ciel et Terre (et non pas Terre et Ciel ^^).
Sakimata est aussi la source de ce qu’on pourrait appeler le « sentiment spirituel » et représente ainsi le premier pas à effectuer sur la Voie.


Lorsque l’homme a développé ses quatres potentiels (Kushitama / Aratama / Nigitama / Sakimata) alors celui-ci peut atteindre Naohi (état représenté par le Kototama Su-U représentant la création dans sa totalité : Manifesté et Non-manifesté) où il devient le miroir parfait de l’univers. A cet instant, l’individu se reconnaît en l’univers et tout est compris… 


Au fait le miroir, le sabre et les joyaux, ça ne vous rappelle pas quelque chose par hasard ? Maintenant vous connaissez l’aspect ésotérique des symboles du trésor impérial Wink

- Larousse des mythologies du monde 
- Aikido and words of power de William Gleason
- Aikido et enseignements traditionnels de Michel Soulenq
- Le sabre de vie de Yagyu Munenori 
- L'esprit indomptable de Takuan Soho 

http://mythologica.fr/
http://jacques.prevost.free.fr/cahiers/cahier_20.htm#a0
http://japanfan.free.fr/fetes.html
http://www.la-pierre-et-le-sabre-iaido18.fr/religion.htm
http://budoshugyosha.over-blog.com/

Ainsi s'achève ce dossier sur le shintoïsme que j'avais écris il y'a maintenant plusieurs années pour le forum Equinox ( http://www.equi-nox.net ). Le shintoïsme était une des composantes majeures de la vie de Morihei Ueshiba et la compréhension de son enseignement passe, selon moi par la compréhension du shintoïsme et de ses symboles.


Merci de votre lecture et à bientôt sur Aoandon 





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